Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au magistrat. — Soyez muet devant l’étranger. — Le jour du sacrifice, le dernier eubage arrivé à l’autel sera immolé pour qu’on lise l’avenir dans ses entrailles. — Le barde, l’eubage, le druide, sont exempts de tout tribut. — Que le juge soit un vieillard à barbe grise et longue, et couvert d’honorables vêtements. — Nous absent, chaque village a le droit de se nommer des chefs qui nous représentent. — « Les femmes peuvent être juges et arbitres. — Vous n’irez pas commercer au loin. — Défense aux marchands étrangers d’apporter le luxe chez nous. — Prenez soin des malades. — Le voleur sera sacrifié sur autel de Mercure. — L’usure est un vol, à l’usurier tu ne dois rien. — Épouse ta femme sans dot. — Toute puissance tu as sur ta femme. — La femme accusée d’avoir empoisonné son mari sera brûlée vive. — Point d’enfants dans les villes. — L’enfant, pour devenir un homme, sera élevé au village, sinon la république n’en veut pas. — À l’âge de vingt-cinq ans, le june homme qui aura le ventre trop gros, sera tué en châtiment de sa gourmandise. — Ton ami mort, tu es le maître de le suivre dans sa fosse ou sur le bûcher. »

Ce fut Annibal qui indiqua aux Romains le chemin des Gaules, mais les Phéniciens avaient tracé à l’avance l’admirable sentier qui côtoie les rivages de la Méditerranée jusqu’à Marseille ; plus tard, César se chargea de dompter les Gaules. Si vous voulez avoir, non pas une idée complète de la cruauté et de la perfidie des légions romaines, mais une juste idée du courage et de la résistance des Bretons, vous lirez le troisième livre des Commentaires. César, après ses premières victoires dans les Gaules, croyait les Gaules pour longtemps pacifiées ; le sénat avait décrété quinze jours d’actions de grâces à rendre aux dieux, ce qui ne s’était jamais fait ; quod ante id tempus, accidit nulli. Les Belges étaient battus, les Germains repoussés, les Séduniens vaincus dans les Alpes ; César lui-même, tranquille de ce côté, était parti au commencement de l’hiver pour l’Illyrie, dont il voulait visiter les nations et reconnaître le territoire. Mais tout à coup les Bretons raniment la guerre dans les Gaules. Le jeune P. Crassus hivernait avec la septième légion chez les Andes (les habitants de l’Anjou), près de l’Océan. Comme il manquait de vivres, il avait envoyé ses tribuns militaires en réquisition chez les peuples voisins : chez les Curiosolites (peuples de l’Armorique), chez les Venètes (dans le territoire de Vannes). Ce dernier peuple était, au temps de César, le plus puissant de toute cette côte