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défense était faite qu’à l’avenir aucun prêtre breton ou armoricain (gallo-armoricain) pût être ordonné évêque sans le consentement du métropolitain de Tours, « car, ajoutaient les prélats, ceux-là méritent d’être séparés de notre communion qui semblent mépriser les ordonnances des conciles. » Le texte était clair et précis, la défense était formelle, et nonobstant les Bretons persistèrent dans leur résistance. Trois siècles plus tard, Nominoé foulait aux pieds, avec plus d’audace encore, le privilége du métropolitain de Tours. De sa propre autorité, ce prince créa deux nouveaux évêchés, celui de Saint-Brieuc et celui de Tréguier. La métropole, durant plusieurs siècles, réclama près du saint-siége en faveur de ses droits méconnus ; mais elle ne put obtenir gain de cause qu’en 1199, sous Philippe-Auguste, et dans le moment où la Bretagne se trouvait soumise à la domination du roi de France comme le tuteur et bientôt comme le vengeur du jeune duc Arthur.

En résumé il est donc impossible, dans toutes ces dissensions, de retrouver rien qui ressemble à l’hérésie de Pélage ou à toute autre hérésie. En tout ceci la doctrine évangélique, n’est pas en cause ; ces disputes des Églises de France et de Bretagne sont tout au plus des disputes politiques. La Bretagne est chrétienne, elle est catholique, elle est romaine, tout autant que la France.

« Dieu, dit le père Maunoir, dans son naïf langage, envoya dans les limites de la Gaule celtique sept brillantes lumières pour y dissiper les ténèbres de l’idolâtrie : saint Pol, en Léon ; saint Tugdual, en Tréguier ; saint Brieuc, au diocèse de ce nom ; saint Malo, à Aleth ; saint Samson, en Dol ; saint Paterne, en Vannes ; saint Corentin, en Cornouailles. Ce sont eux qui dans les commencements du royaume de la petite Bretagne, y ont jeté les premiers rayons de l’Évangile. Aussi l’Église leur donne-t-elle cette louange, chantant ces paroles :


Septem sanctos Britanniæ
Veneremur, et in ipsis dimiremur
Septiformem gratiam !


Lorsque les Saxons, ces païens indomptables, envahirent l’île de Bretagne, ils s’abandonnèrent à toutes les fureurs ; on eût dit qu’ils en voulaient surtout au Dieu des chrétiens : pour échapper à la violence de ces barbares, cette Église naissante, prêtres, solitaires, missionnaires de l’Évangile, les hommes les plus savants et les plus