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métropolitain de Tours, la créature du roi des Francs ; ainsi, plus d’Église de Bretagne, plus d’indépendance nationale ! Soulevée par ces paroles pleines de menaces et de promesses, la révolte éclate soudaine et furieuse. À ces colères terribles, Salomon, loin de résister, prend la fuite ; il va se cacher, où plutôt il va se perdre dans un monastère du comté de Poher. Les conjurés le suivent ; ils sont à la porte du monastère, menaçant de tout briser ; toutefois, ils n’osent pas souiller le lieu saint, et ils font dire à Salomon qu’il ait à sortir de sa retraite, s’il ne veut pas en être arraché de vive force. Celui-ci, pour toute réponse, reste prosterné à l’autel, comme dans un lieu d’asile inviolable. Vain espoir ! les conjurés pénètrent dans l’église, l’épée au poing. Alors le courage revient au prince proscrit ; il était à genoux, il se relève, et, d’un regard inspiré, d’un front sévère, il va au-devant de la révolte ! À la vue de leur prince, les seigneurs bretons se sentent touchés, non pas de pitié, mais de respect. Ils quittent le lieu sacré ; ils ne veulent pas ensanglanter l’autel, — Cependant, à l’endroit le plus sombre de l’église, se cachaient quelquies-uns de ces vils soldats, prêts à tout crime ; chassés de l’armée franque pour leurs méfaits, ils s’étaient réfugiés dans les derniers