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un pestiféré. Plus loin, la dame est parée, à demi nue, en cheveux, elle a des refrains chantés faux, une voix enrouée, elle laisse après elle une épaisse traînée de musc et d’ambre : c’est le vice à l’usage des amateurs les plus avancés. Un degré de plus, et voilà que nous avons un beau châle de cachemire, et que nous allons en fiacre ; louez une place à l’avant-scène du Gymnase, vous aurez presqu’à vous tout seul, pour vingt-quatre heures, les trente-six ans et le cachemire ; oui, mais aussi, étudiant, mon bel ami, vous serez ruiné pour tout le trimestre.


Puis enfin, faites silence, et si vous êtes sage, tenez votre cœur à deux mains. Il s’agit cette fois d’une espèce de grande dame qui sera difficile à dompter. Voyez vous, dans un lointain équivoque, tout rempli de riches présents, de trahisons, de billets doux et de tendres soupirs, la maîtresse du grand seigneur, une femme dressée de longue main, qui est jeune et belle, séduisante et parée ; que vous dirai-je ? une danseuse de l’Opéra ou quelque ingénuité du Théâtre-Français. Ah ! cette femme ne serait pas si recherchée si elle n’avait pas chaque soir un habit et un visage de rechange ; si elle n’était pas mêlée incessamment à toutes sortes de passions menteuses, si tout le parterre haletant n’était