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se mit à courir après son âne : — Charlot ! Charlot ! disait-elle. Et cependant mon chien courait aussi en aboyant : Charlot courait de plus belle ; le moyen d’aller, à pas égal, à la poursuite d’un chien qui court, d’un âne qui trotte, et surtout d’une fille qui ne pense pas à vous !

J’allai d’abord ramasser le chapeau de la belle enfant ; un chapeau d’une paille commune, un ruban fané, une mauvaise fleur bleue, et pourtant quelque chose qui révélait une bonne et bienveillante nature de jeune fille. La jeune fille était bien loin de moi !

— Charlot ! Charlot ! criait-elle.

Cependant Roustan, l’intelligent animal, courait toujours après l’âne ; il me le ramenait par le plus court et justement du côté du chapeau. Il y avait entre l’âne, sa jeune maîtresse et moi, une ligne courbe très-prononcée ; j’arrêtai l’âne au bord du chemin, derrière un large buisson, et, pendant que la jeune fille criait : Charlot ! Charlot ! je montai sur le grison, le chapeau de paille sur la tête, et, m’enfonçant dans un petit bois, j’allai au pas.

Elle criait toujours Charlot !Charlot ! et je faisais sonner bien fort la sonnette à Charlot, cherchant quelque gros arbre derrière lequel je pusse la laisser approcher.