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pur, les mains sanglantes, la conscience sans tache. Quels sont les juges qui en pourraient dire autant que moi, le bourreau ? Mais, encore une fois, le temps nous presse : oserais-je vous demander ce que vous me voulez ?

— J’ai toujours entendu dire, lui répondis-je, que le condamné qu’on mettait entre vos mains était à vous en propre et vous appartenait tout entier ; je viens vous prier de m’en céder un à qui je tiens beaucoup.

— Vous savez, Monsieur, à quelles conditions la loi me les donne ?

— Je le sais ; mais, la loi satisfaite, il vous reste quelque chose, un tronc et une tête ; c’est cela même que je voudrais vous acheter à tout prix.

— Si ce n’est que cela, Monsieur, le marché sera bientôt fait. Et de nouveau interrogeant l’heure : — Avant tout, me dit-il, permettez-moi de donner quelques ordres indispensables.

Il sonna rapidement, et à ses ordres deux hommes arrivèrent. — Tenez-vous prêts pour deux heures et demie, leur dit-il ; soyez habillés décemment ; il s’agit d’une femme, et nous ne pouvons lui montrer trop d’égards. Cela dit, les deux hommes se retirèrent ; au même instant sa femme et sa fille vinrent lui dire adieu. Sa fille était déjà une personne de seize ans, qui l’embrassa en souriant,