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tourner aussi. — Et je rêvai, entre la veille et le sommeil, qu’il était minuit et qu’Élisabeth était revenue comme elle me l’avait promis, et qu’on refusait de la laisser entrer. Il me semblait qu’il tombait une neige épaisse et que les rues en étaient toutes couvertes comme d’un drap blanc, et que je voyais Élisabeth morte, couchée dans la neige, au milieu des ténèbres, à la porte même de la prison. Quand je revins à moi, je me débattais sans pouvoir respirer. Au bout d’une ou deux minutes, j’entendis l’horloge du Saint-Sépulcre sonner dix heures, et je connus que j’avais fait un rêve.

« L’aumônier de la prison entra sans que je l’eusse envoyé chercher. Il m’exhorta solennellement à ne plus songer aux peines de ce monde, à tourner mes pensées vers le monde à venir, à tâcher de réconcilier mon âme avec le ciel, dans l’espérance que mes péchés, quoique grands, me seraient pardonnés si je me repentais. Lorsqu’il fut parti, je me trouvai pendant un moment un peu plus recueilli. Je m’assis de nouveau sur le lit, et je m’efforçai sérieusement de m’entretenir avec moi-même et de me préparer à mon sort. Je me répétais dans mon esprit que, dans tous les cas, je n’avais plus que peu d’heures à vivre ; qu’il n’y avait point d’espérance pour moi en cette vie, qu’au moins fallait-il mourir dignement