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sans petits-enfants ; toutes sortes de décrépitudes isolées sont amoncelées dans ces murs. Cette hospitalière maison n’est ouverte qu’aux femmes vieilles ou aux femmes folles. Véritable catacombe d’ossements vivants, où la femme au bord de sa tombe est séparée des hommes avec plus de soin que s’il s’agissait de protéger et de défendre les printemps les plus jeunes et les plus chastes. La maison s’élève fièrement comme toutes les maisons qu’habitent les pauvres, palais mendiants et menteurs ! On leur donne un dôme doré et une façade de marbre ; mais sous ce dôme le pauvre est seul, et derrière cette pierre de taille, il n’a plus d’autre occupation que de mourir à peu de frais. Les vieillesses entassées dans cet isolement affreux font mal à voir. On compte malgré soi toutes les affections brisées qu’un pareil hôpital représente. Voilà donc où viennent aboutir tant de vertus et tant de vices, tant d’oisivetés et tant de travaux, tant d’amours mercenaires et tant d’amours légitimes ! Je cherchais par quelle fatalité toutes ces vieillesses arrivaient à ce même but, quand au détour d’une allée, vis-à-vis une riante maison, j’aperçus une pauvre femme et ses deux enfants. Cette femme tressait du chanvre pour faire de la corde ; un enfant de sept à huit ans, les pieds nus, les cheveux bouclés, tournait la roue ; sa pauvre