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table, et qui paraissait présider à cet apurement de comptes, avait apporté, dans cette société en commandite, la popularité de son nom, la bonne renommée de sa maison et sa vieille expérience dans ce genre de transactions ; ce fut elle qui la première adressa la parole à Henriette ; pour moi, retiré dans un coin, je ne perdais pas un mot de la conversation.

— Vous voulez être des nôtres ? lui demanda cette femme, d’un ton de voix très-simple et comme le ferait une bonne bourgeoise qui engage une nouvelle domestique, pendant que ses acolytes considéraient la néophyte avec une scrupuleuse attention.

— Oui, Madame, répondit Henriette d’un ton plein de respect. Elle se tut. En même temps on examinait sa taille, sa main, son bras, ses jambes, sa gorge, ses cheveux, toute sa personne, et cette tête souffrante et amaigrie.

— C’est une assez belle personne, dit la plus jeune des femmes, on peut en faire quelque chose ; mais il en faudra prendre beaucoup de soin : d’abord elle est trop maigre et trop pâle, et ensuite toute nue, les cheveux mal en ordre, des doigts allongés horriblement ; évidemment elle sort d’un hôpital, et, s’il en était besoin, je lui dirais bien de quel hôpital.