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je descendis rapidement la vallée, admirant le brillant reflet des étoiles dans le vaste lac, et j’arrivai à Terracine au moment où la nuit était le plus éclairée. J’étais tout entier à la madone ; je traversai la foule des paysans italiens qui prenaient, sur leurs portes, le frais du soir, sans songer que tous les yeux étaient sur moi. J’arrivai à la porte de la chapelle ; un seul battant était ouvert, sur l’autre battant était affichée une large pancarte : c’était mon signalement, et ma tête était mise à prix ! J’entrai dans l’église, une église de notre pays catholique et chrétien, avec ses arceaux découpés, sa mosaïque vivante, son dôme aérien, son autel de marbre blanc, son doux parfum, et les derniers sons de l’orgue visitant le moindre écho tour à tour. La sainte image de la madone était entourée de fleurs ; je me prosternai devant elle, je lui offris sa part de mon butin : une croix de diamants qui avait été portée par une jeune comtesse d’Angleterre, femme hérétique, diamants d’une belle eau ; un petit coffre espagnol d’un travail précieux ; un beau collier de perles, enlevé à une galante dame de France qui riait aux éclats, et qui, par-dessus le marché, m’envoya un baiser. La Vierge parut satisfaite de mon hommage ; il me sembla qu’elle me souriait avec bonté, et qu’elle me disait : — Bon