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HISTOIRE
DE LA
LITTÉRATURE DRAMATIQUE

CHAPITRE PREMIER


Nous entrons maintenant dans une critique à la fois plus régulière et plus suivie. Il est bon d’essayer ses forces, à condition que l’essai ne durera pas trop longtemps. Lorsque j’ai commencé ce grand travail de révision sur moi-même, au premier abord il me semblait que j’entreprenais une œuvre impossible. Où courir ? où ne pas courir, et par quel chapitre allais-je commencer ? Comment, dans cet amas énorme de choses écrites, chaque jour, pendant un quart de siècle, — « ce qui représente un grand chemin à parcourir dans la vie humaine, » allais-je trouver un fil à me conduire, et par quels efforts réunir cette idée à cette idée, et cette passion à cette passion ? Autant valait rechercher, dans les catacombes romaines, les divers ossements qui avaient appartenu au même cadavre ; poussières confondues en mille poussières. Allez donc leur dire, au milieu de ces ténèbres : levez-vous et suivez-moi ! Allez donc ressusciter tout ensemble, par une résurrection doublement impossible, l’œuvre morte sous une critique oubliée, ou, ce qui revient à la même tentative, essayez de ranimer la critique inerte d’une œuvre sans nom ! Ainsi, j’ai longtemps hésité ; longtemps j’ai éloigné de mon esprit cette recherche à travers l’inconnu. C’est si triste et si lamentable d’ailleurs, cette récolte au milieu des jardins fanés, cette glane à travers les moissons stériles, cette façon de revenir sur les pas de sa jeu-