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sa taille, on livre au monde le Théâtre de Lacenaire ! Ainsi, ils ont joué avec cet homme jusqu’à la fin ; ils ont battu des mains quand il s’est montré en public ; ils se sont approchés de lui quand il a été condamné à mort, et ils lui ont fait compliment de son éloquence ! Ils ont recueilli avec un empressement puéril ses moindres paroles ; ils ont imprimé ses vers, ils lui ont prêté leurs vers, ils lui ont volé ses vers! Les libraires sont allés à cet homme, et ils lui ont commandé ses Mémoires ! Des femmes se sont fait présenter à Lacenaire dans sa prison. Des femmes, au sortir du bal, et encore toutes parées, ont été le voir monter sur son échafaud ! Les phrénologistes ont touché sa tête coupée, où ils ont trouvé la bosse de l’ imagination et de la bienveillance ; les dessinateurs l’ont dessiné et les statuaires ont demandé à faire son buste ! On l’a étudié, on l’a regardé, on l’a flairé, on l’a contemplé jusqu’à la fin. On lui a donné, à cet homme, toute l’importance de la vertu. On a été à ce dernier supplice tout ce qu’il avait de sérieux. On en a fait une spéculation de librairie, et voici, en un volume in-8, son théâtre tout chaud et tout sanglant, imprimé dans le vif ! Cette tragédie est précédée d’une espèce d’ Essai littéraire et dramatique sur Lacenaire, comme on dit. L’auteur de cet Essai, qui ne se nomme