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elle lui passait un linge mouillé sur le visage, elle secouait sa robe un peu fripée :

— Et maintenant vous voilà très bien, disait-elle, oui, tout à fait bien.

Du même pas elles entrèrent chez Mme la duchesse de Noailles comme elle achevait d’écrire une lettre à sa tante, Mme de Maintenon, retirée en ce moment chez ses filles de la maison de Saint-Cyr. Mme de Noailles était aussi paisible et pénitente que Mme de La Ferté était vive et superbe. Elle sourit à l’empressement d’Henriette et tendit sa belle main à la jeune inconnue. Et quand Mlle de Launay eut rapporté à la dame les paroles de M. de Fontenelle :

— Il a raison, répondit Mme la duchesse de Noailles ; le Palais-Royal ne convient guère à une fille de votre condition. Je représente ici Mme de Maintenon, ma tante, et je veux faire en son nom une bonne œuvre que je lui raconterai tout de suite, et dont elle me remerciera demain... Mon enfant, reprit-elle après un moment de silence, maintenant que Mme de Maintenon est partie et nous a pour toujours quittés, il n’y a plus de refuge à notre cour pour une jeune fille telle que vous. Cependant j’en sais une encore, où se sont réfugiés les anciens respects ; je veux parler de la maison de S.A.R. Mgr le duc du Maine. Éprouvé par la mauvaise fortune et cruellement dépouillé des honneurs que le vieux roi lui avait légués, il s’est retiré dans cette maison, dans ces jardins de Sceaux, où il aurait déjà oublié toutes les injustices dont il est frappé, si Mme la duchesse du Maine en eût perdu le souvenir. Mais dans cette solitude elle est reine encore, et c’est là que je veux vous introduire. En ces lieux, tout remplis des regrets d’un temps qui n’est plus, vous vivrez modeste et cachée au milieu des bons exemples, e