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Il ne faut rien négliger, sitôt que l’on exerce avec un certain zèle la profession des belles-lettres. Tout sert, ou du moins tout peut servir. Qui dirait que, dans un vieux recueil de sermons en latin, sans date, mais qui sent son seizième siècle d’une lieue, un dominicain sans nom a recueilli (Sermones disciputi de tempore) deux cent douze histoires dramatiques pour tous les dimanches et les principales fêtes de l’année ? « J’ai appelé ces sermons les sermons du néophyte, parce qu’il n’y a rien de magistral dans ces histoires innocentes, et que le premier écolier venu les pourrait écrire, et mieux inventer. » Si bien que les jeunes prédicateurs, quand ils voudront tenir leur auditoire attentif, n’auront qu’à puiser à pleines mains parmi ces contes dont la naïveté fait tout le mérite. Ceci dit, le dominicain entre en matière, et, parmi ces historiettes, nous choisissons la présente histoire du diable et du bailli.

Ce bailli était le fléau d’une douzaine de malheureux villages du Jura, groupés autour d’un misérable château fort, où la dévastation, l’incendie et la guerre avaient laissé leur formidable empreinte. On respirait la t