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grec, et la dernière partie du Timon d’Athènes, de Shakspeare... »

Le reste de la soirée appartenait au théâtre. On donnait Héraclide et le Cocher supposé, et, fouette, cocher ! on rentre au logis, on soupe ; et voici le menu de ce repas simple et frugal : « Une bonne et franche soupe à la paysanne, sans jus, sans coulis, avec de la laitue, des poireaux et de l’oseille ; un petit bouilli de bonne mine, du beurre frais, des raves, des côtelettes bien cuites, sans sauce, une poularde rôtie excellente, une salade délicieuse, une tourte de pigeons, une de frangipane, et des petits pois accommodés à la bourgeoise : voilà tous les plats qui parurent sur la table. Au dessert, nous eûmes du fromage à la crème, des échaudés, des confitures, des bonbons et des abricots séchés, et, pour que la fin couronnât l’œuvre, on nous servit du café que j’avais fait moi-même. »

Le lendemain, elle achète encore un beau Dante en maroquin à la vente des Jésuites. Le même jour, elle va visiter, au Louvre, l’atelier de Drouais le fils : « Nous y avons vu le portrait de Mme de Pompadour, qui est réellement une très belle chose. Elle travaille sur un petit métier ; son attitude est très noble ; sa robe est de perse garnie en dentelles de la plus grande beauté. Son petit chien cherche à monter sur son métier. »

A la campagne, Laurette habite une belle chambre, et la description de son appartement, entre deux tourelles, sera la bienvenue,— après le récit de son dîner :

« Je suis dans une grande et assez belle chambre ; mon lit est cramoisi brodé en nœuds blancs ; sur ma tapisserie sont des chars, des gens montés dessus, des chevaux pomponnés, des curieux aux fenêtres. J’ai, pour meubles, une commode, une cheminée, une chaise longue, autrefois