Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

VI.

Ainsi, par un bonheur bien rare, les fautes mêmes de la reine Marguerite de Navarre ont fini par contribuer à sa gloire. Elle eut ce grand mérite, étant la fille d’une reine sanguinaire et tenant de si près au roi Charles IX, d’être bonne et clémente. Elle haïssait d’instinct tous ces crimes d’État qu’elle avait entrevus dans ces ombres et dans ces fêtes sanglantes. Plus d’une fois, ce grand roi Henri, comme il était au comble des prospérités et de la gloire, heureux partout, moins heureux dans son ménage, alla frapper à la porte de sa première épouse, en la priant de le ramener aux premières journées pleines d’aurore et d’espérance. Ah ! c’était là le bon temps [1] ; ils étaient pauvres, ils étaient en butte aux soupçons d’un roi jaloux, d’une reine impérieuse et d’une mère implacable. Ils avaient assisté, dans une nuit d’épouvante, au massacre de tous

  1. Le lecteur ne pourra guère s’empêcher de trouver singulière cette qualification appliquée à une telle époque. Si Henri pouvait avec quelque raison regretter sa première épouse, il était difficile néanmoins de trouver bon le temps que les horreurs de la guerre civile, sous les derniers Valois, ont si terriblement « gâté ».