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es affaires sérieuses ! telle était la devise de ce bon prince. Après lui, elle a servi à beaucoup d’autres qui ne s’en sont pas trop mal trouvés.

Donc les voilà, le roi et la reine très joyeux, qui foulent d’un pied léger la vaste prairie ; au bout de la prairie il y avait un beau rivage éclairé d’un soleil radieux, puis enfin la Méditerranée éclatante, ou, tout au moins, de quelque nom qu’on l’appelle, un immense Océan dont pas un mortel n’avait franchi les dernières limites.

Les plus hardis navigateurs envoyés par l’Académie des sciences de ce beau royaume étaient revenus de leur aventure épouvantés des abîmes, des précipices, des rochers funestes qui les avaient arrêtés après cinq ou six mois d’une heureuse navigation. « Messieurs les académiciens, s’écriaient ces hardis voyageurs, nous n’avons rencontré là-bas que l’abîme et le chaos, la foudre et le néant, des montagnes à perte de vue et le cri des animaux féroces ; l’ours blanc et l’ours noir son camarade ne sont que jeux d’enfants comparés à ces géants d’un monde inconnu. » Ceci dit, nos voyageurs étaient décorés par le roi Lysis, et l’Académie ouvrait son sein à ces nouveaux Christophe Colomb.

La reine et le roi avaient donc cessé depuis longtemps d’envoyer là-bas des flottes inutiles, et, prenant leur parti en gens sages, ils se contentaient de contempler le vaste espace, du sommet de la roche Noire, ainsi nommée parce que ce rocher terrible était couvert incessamment d’une blanche écume. En étudiant la géographie, il vous sera facile de vous convaincre des gentillesses, des gaietés et des non-sens de MM. les géographes. Ils s’amusent volontiers de ces chiquenaudes données au sens commun.

La reine et le roi s’étaient à peine assis à leur place accoutumée, à peine le roi avait dit à la reine : «