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salutaires fontaines encore inconnues, réservées à une si grande célébrité.

Ainsi, pendant que la reine mère et le roi s’en allaient à Poitiers chercher l’armée de M. de Mayenne, afin de la conduire en Gascogne contre le roi de Navarre et les huguenots, la reine Marguerite allait, à petites journées, dans ces Flandres qu’elle ne songeait guère à conquérir. Elle était accompagnée en ce beau voyage de Mme princesse de la Roche-sur-Yon, de Mme de Tournon, sa dame d’honneur, de Mme de Mouy de Picardie, de Mme de Castelaine de Millon, de Mlle d’Atrie, de Mlle de Tournon, et de sept ou huit autres demoiselles des meilleures maisons. A cette suite royale s’étaient réunis M. le cardinal de Senoncourt, M. l’évêque de Langres, M. de Mouy, enfin toute la maison de la reine, à savoir : le majordome et le premier maître d’hôtel, les pages, les écuyers et les gentilshommes. La compagnie était jeune, élégante ; elle faisait peu de chemin en un jour ; elle fut la bienvenue, et trouva toutes sortes de louanges sur son passage :

« J’allois en une littière faite à piliers doublez velours incarnadin d’Espagne en broderie d’or et de soye nuée à devise. Cette littière étoit toute titrée et les vitres toutes faites à devise ; y ayant, ou à la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes différentes, avec les mots en espagnol, en italien, sur le soleil et ses effets ; laquelle étoit suivie de la littière de Mme de la Roche-sur-Yon et de celle de Mme de Tournon, ma dame d’honneur, et de dix filles à cheval avec leur gouvernante, et de six carrioles ou chariots, où alloit le reste des dames et femmes d’elle et de moy. »

Écoutez la belle voyageuse ; elle vous dira que tout cet appareil était fait uniquement pour augmenter le respect des peuples et l’admiration de l’étranger. Cependant, les