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Chacun sortait ; seules, les grandes entrées attendaient, pour sortir, que le roi se mit au lit. Le colonel des gardes prenait l’ordre, et, la prière étant faite, les aumôniers se retiraient. « Le roi, disait Saint-Simon, n’a manqué la messe qu’une fois dans sa vie, à l’armée, un jour de grande marche. Il a toujours fait maigre, à moins qu’il ne fût très malade. Il exigeait l’abstinence du carême ; il se tenait très respectueusement à l’église, et trouvait fort mauvais s’il entendait parler à l’office divin. »

Il communiait en grand habit, en rabat, en manteau, et la collier de l’ordre à son cou. Il disait son chapelet à la messe, et toujours à genoux. Les jours ordinaires, il portait un habit de couleur brune, orné d’une légère broderie, et des pierreries à ses souliers seulement. Rien n’était pareil au soin, aux égards, à la politesse du roi pour ses hôtes de Marly ou de Fontainebleau.

Mais, dans les dernières années, chacun portait impatiemment la fin d’un si long règne. Le palais de Versailles était las de ces longues cérémonies, toujours les mêmes. Paris finissait par ne plus supporter ce joug, que chaque jour rendait plus lourd. Les provinces étaient à bout de leurs sacrifices. L’oubli était général des merveilles dont s’honoraient les quarante premières années de ce grand règne. Il était temps enfin que le roi disparût et fit place au nouveau règne. Ainsi, dans les ardeurs de l’été brûlant, le laboureur invoque les rayons du soleil couchant. Juste à l’heure qu’elle avait désignée aux horloges de Versailles, la mort frappait à la porte même de la chambre royale, après avoir visité toutes les autres. À son tour, le roi est touché. Il comprend que son heure est venue. Il souffre ; il est en proie à la fièvre ardente, et pourtant il travaille encore. Rien n’est changé : les tambours et les hautbois donnent sous les