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Le roi passait de là dans son cabinet. Sa journée étant arrangée, il restait seul avec ses architectes, ses jardiniers et ses principaux domestiques. Toute la cour, moins le capitaine des gardes qui ne perdait jamais le roi de vue, attendait dans la galerie, et si quelques audiences étaient accordées, il recevait les ministres étrangers ou les ambassadeurs. Ceci fait, le roi allait à la messe, où la musique chantait chaque jour un motet. Après la messe, le roi allait au conseil. Tel était l’emploi de sa matinée.

Au conseil, assistaient tous les ministres. Le vendredi, après la messe, appartenait au confesseur. Le roi dînait à midi, seul, dans sa chambre, sur une table carrée, à la fenêtre du milieu. Il mangeait de beaucoup de plats et de trois services, sans compter le dessert. Aussitôt que la table était apportée entraient les principaux courtisans ; le premier gentilhomme avertissait le roi et le servait, se tenant derrière le fauteuil. Si M. le Dauphin était présent, il donnait la serviette au roi et restait debout. Bientôt le roi lui donnait le permission de s’asseoir ; le prince faisait la révérence et s’asseyait jusqu’à la fin du dîner.

Le roi parlait peu à son dîner. Au sortir de table, il rentrait dans son cabinet, mais il s’arrêtait un instant sur le seuil, et c’était encore un moment favorable pour lui parler. L’instant d’après, il s’amusait à donner à manger à ses chiens couchants, puis on l’habillait, en présence de peu de gens, les plus considérés, que laissait entrer le premier gentilhomme de la chambre.

À peine habillé, il sortait par un escalier dérobé dans la cour de marbre pour monter en carrosse, et, dans le trajet, aller et retour, lui parlait qui voulait. Il aimait le grand air ; il ne redoutait ni le froid ni la chaleur. Il sortait même par la pluie, et sa grande joie était de