Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

rsonne qui n’y fût si accoutumé de ce temps-là, qu’on n’en conservât l’habitude sans murmure. Son fauteuil avait le dos joignant le pied de son lit ; il n’en fallait point chercher d’autre dans la chambre… Belle comme le jour jusqu’au dernier moment de sa vie ; sans être malade, elle croyait toujours l’être et aller mourir. Cette inquiétude l’entretenait dans le goût de voyager, et dans ses voyages elle menait toujours sept ou huit personnes de compagnie. Elle en fut toujours de la meilleure, avec des grâces qui faisaient passer ses hauteurs et qui leur étaient adaptées. Il n’était pas possible d’avoir plus d’esprit, de fière politesse, d’expressions singulières, d’éloquence, de justesse naturelle qui lui formaient comme un langage particulier, mais qui était délicieux et qu’elle communiquait si bien par l’habitude, que ses nièces et les personnes assidues auprès d’elle, ses femmes et celles qui, sans l’avoir été, avaient été élevées chez elle, les prenaient toutes, et qu’on le sent et qu’on le reconnaît encore aujourd’hui dans le peu de personnes qui en restent. C’était le langage naturel de la famille, de son père et de ses sœurs. »

Nous ne porterons pas ces doubles funérailles au compte de Louis le Grand, mais au compte du dix-septième siècle agonisant dans l’indifférence publique.

Dans les revers de ces dernières années, et quand ce roi superbe eut supporté l’extrême humiliation d’implorer, disons le mot, le pardon de ces Hollandais qu’il regardait comme des marchands, il sut trouver encore de grandes et nobles paroles dignes de son ancienne majesté. Ces Hollandais victorieux eurent le grand tort de manquer de déférence et de respect pour ce digne porteur d’une si belle couronne. À peine s’ils daignèrent écouter les ambassadeurs du roi, M. l’abbé de Polignac et M. le maréchal d’Uxelles, l’héroïque défenseur de Mayence. Pas un peuple