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purgé ou saigné de main de maître. À vingt ans déjà commençait cette inquisition de tous les jours : « Le roi a trop dansé ! le roi a trop mangé ! le roi a bu trop d’eau glacée ! » Et le sirop de chicorée, et le séné, et la rhubarbe, et le tamarin, et les juleps d’entrer en danse. Longtemps sa bonne constitution résiste et se défend contre la pharmacie et la médecine. « Mais enfin, vous dira le docteur Fagon, après avoir bien attendu, je fus obligé d’en venir aux remèdes, commençant par la saignée et la purgation, et, en suite de ces deux remèdes, j’ai ordonné les spécifiques, comme les opiats de conserve de fleurs de pivoine, roses rouges, magister de perles, corail et le diaphonique ; ensuite, je me suis servi des préparations les plus exquises de mars, tantôt en opiats, d’autres fois en conserves, tablettes, liqueurs et autres préparations, entre autres mon esprit spécifique de vitriol, de cyprès et celui qui se prépare avec la pivoine et la mélisse après sa purification, qui ont toujours bien réussi à apaiser les accès de ces mouvements turbulents. » O Molière ! auriez-vous ri, lisant ces ordonnances… si le nom du roi ne s’y fût pas rencontré ! Il faut dire aussi qu’il y avait tant de fêtes, de baptêmes, de collations, de soupers, de grandes chasses, de petits déjeuners à Versailles, à Saint-Germain, à Marly, à Chambord, et que le roi se faisait tant de bile avec les gloutons de la cour, et puis un ventre si mal réglé, une tête si remplie de vapeurs, et tant de mélancolies ! La victoire et la défaite avaient leur action inévitable sur les entrailles du roi ; les jours du carnaval et l’abstinence du carême lui étaient également funestes. Ajoutez la goutte à tous ces malaises. Il eut son premier accès de goutte, et, Dieu soit loué, c’était bien fait, le jour funeste où il signa la révocation de l’édit de Nantes ! On l’opéra de la fistule un mois plus