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compter les pages, les valets de pied et les laquais de la princesse expirée : il nous semble, à cette heure de minuit, que nous voyons entrer sous les voûtes du Val-de-Grâce, où l’attendent l’abbesse et les religieuses, ce noble cœur qui ne bat plus. Quelles ont été, en ce moment, les paroles de l’illustre orateur ? quelles ont été ses prières sur cet autel improvisé où il déposa le cœur de Mme la Dauphine ? Ici, la plus simple expression est la meilleure, et l’étiquette même a son éloquence :

« Les princesses étaient dans les bancs hauts, les dames d’honneur et d’atour étaient dans les bancs bas, le chevalier d’honneur à la droite, et le premier écuyer à la gauche, auprès de la représentation. Après les prières et les encensements, M. de Meaux reprit le cœur et on marcha processionnellement jusqu’à la chapelle Sainte-Anne, dans le même ordre où l’on étoit venu. On y trouva une autre représentation, sous laquelle sont des tiroirs dans lesquels on a mis les cœurs des reines et des enfants de France, chacun avec des couronnes en haut, selon son rang, et non selon le temps de sa mort. Là, on recommença les prières, les encensements, et à donner de l’eau bénite, et puis on ressortit en passant par les mêmes lieux. »

Voilà pour les deuils de la cour. Tous ceux qui viendront plus tard subiront les mêmes règlements. On n’y peut rien changer. La grande et l’éternelle différence est celle-ci : l’oraison funèbre prononcée par Bossuet ! C’est celui-là qui donne l’immortalité. Toutes les grandeurs qu’il n’aura pas signalées ne seront que des grandeurs passagères. Versailles peut tomber et tombera, la parole de Bossuet, éternellement vivante, ira d’âge en âge et grandissant toujours.

Mais quoi ! nous ne faisons pas ici l’histoire du roi