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qu’on l’ait ouverte, et on a fait une faute ; c’est que pendant ce temps-là les dames qui n’ont pas droit d’être assises devant elle pendant sa vie, ont été devant son corps à visage découvert, ce qui ne devoit pas être.

« Jusqu’ici les dames ont été garder le corps de Mme la Dauphine sans être nommées par le grand maître des cérémonies, ce qui est contre l’étiquette. »

Tout est réglé, tout est compté. On ne tendra pas la porte de l’avant-cour, parce que l’on ne tend que pour le maître ou la maîtresse de la maison. Tant de chandeliers, tant de fauteuils, tant d’évêques ; tant d’intervalle entre le duc d’Anjou et le duc de Berri, entre la grande-duchesse et Mme de Guise. À M. de Meaux, à Bossuet, appartient l’honneur de donner le goupillon à toute la famille royale ; mais c’est l’aumônier de quartier qui le donne aux princes et princesses. Ceci fait, l’aumônier de quartier remet la goupillon au héraut d’armes, et le héraut d’armes le donne à son tour aux ducs et pairs.

Tout ceci est de la pure étiquette ; mais faites éloigner un instant le maître des cérémonies, le second maître, les dames d’atour, les dames d’honneur, faites entrer Bossuet, le maître de l’éloquence et l’un des Pères du l’Église française, et contiez à ses mains tremblantes d’une indicible émotion le cœur de l’illustre princesse : aussitôt nous ne voyons plus que le grand spectacle d’une immense douleur. Peu nous importe en ce moment que l’évêque de Meaux soit accompagné de la vieille princesse et de la jeune princesse de Conti, que la dame d’honneur et la dame d’atour occupent les deux portières, et que ce carrosse plein de deuil ait un cortège de trente-six gardes à cheval portant des flambeaux, sans