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ns toutes les poches d’alentour ! et tendre à l’avenant, un doigt levé lui faisait peur, la grosse voix remplissait son cœur de remords. Mais le moyen de se fâcher contre un si frêle animal qui vous regardait, sous sa chevelure soyeuse, avec ses deux yeux d’escarboucles ?

Cependant elle fut grondée :

— O la laide ! disait Mariette.

Et la pauvrette, humiliée, se traînait aux pieds de ses trois maîtresses. La plus jeune, enfin, lui pardonna, et soudain ces trois mains bienveillantes la couvrirent de caresses. Alors la voilà ressuscitée, et plus que jamais bondissante à travers ces hommes d’habitudes et d’humeur si différentes. Mais, quoi ! dans le premier salon son succès fut complet. Elle, alors, se voyant encouragée, eut la curiosité, disons mieux, l’imprudence de traverser la grande salle par où elle était entrée. Elle arracha le journal de celui-ci, juste au moment où son ministre était traité de Turc à More ; elle enleva la serviette de celui-là, comme il allait s’essuyer les mains. Elle eut même l’audace d’effleurer de sa patte, où restait un brin de poussière, le pantalon blanc du sous-lieutenant Joli-Cœur, et le sous-lieutenant se contenta de grogner : « La vilaine bête ! »

Oui-da, mais il y avait dans le fond de la salle, au coin de la porte d’entrée, un peu dans l’ombre et prenant une glace panachée autant qu’elle-même, une dame attifée et trop parée. Elle portait une robe à longue traîne, et la malheureuse Zémire, qui ne connaissait pas chez sa maîtresse ces sortes d’embarras, laissa sur l’étoffe traînante l’empreinte légère de ses trois pattes, la quatrième étant essuyée sur le pantalon blanc de Joli-Cœur. Mais, juste ciel ! les grands cris que poussa la dame ! Elle jurait que sa robe était perdue. Eh ! comment finir