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u défi de répondre. Et cependant qui nous dira le nom du bel esprit à qui nous devons ce factum ? Ce n’est pas M. de Malézieu, ce n’est pas M. de Valincourt, ce n’est pas M. le cardinal de Polignac, ce n’est pas même M. de Saint-Aulaire, l’homme aux quatrains. Je donnerais beaucoup pour le savoir.

Quand elle eut bien cherché, M. de Silly parla tout bas à l’oreille de la princesse.

— Ah ! dit-elle, est-ce possible ! A-t-elle donc tant d’esprit ?

— Oui, Madame, elle a tout cet esprit-là. C’est une précieuse, dans la bonne acception du terme ; elle écrit en prose, elle écrit en vers. Elle est assez maladroite à faire des nœuds, j’en conviens, mais elle tourne agréablement une comédie.

Alors la princesse, un doigt sur sa lèvre, imposa silence à M. de Silly ; mais le soir même elle dispensait Mlle de Launay de son service à la toilette, et le lendemain elle lui donnait une belle chambre au premier étage, avec le titre de sa lectrice. On en murmura beaucoup dans tous les recoins de la petite cour, mais enfin chacun en prit son parti, et la nouvelle lectrice accepta sa nouvelle fortune avec tant de modestie et de bonne grâce qu’elle se la fit pardonner.