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nelle. Il y avait dans cette lettre ingénieuse un véritable atticisme, et, tout d’une vois, M. de Malézieu fut désigné comme étant l’auteur de ce petit discours plein de grâce et de bel esprit :

« L’aventure de Mlle Tétard fait moins de bruit, Monsieur, que le témoignage que vous en avez rendu. La diversité des jugements qu’on en porte m’oblige à vous en parler... Quoi ! disent les critiques, cet homme qui a mis dans un si beau jour des supercheries faites à mille lieues loin, et plus de deux mille ans avant lui, n’a pu découvrir une ruse tramée sous ses yeux ? Les partisans de l’antiquité, animés d’un vieux ressentiment, viennent à la rescousse. Vous verrez, disent-ils, que le maître placera les prodiges nouveaux au-dessus des anciens. En bon pyrrhoniens, ils doutent, et cependant le voilà qui croit tout possible. Ah ! Monsieur, quel bonheur pour les dévots de vous voir adorer le diable ! Encore un pas dans la dévotion, ils vous reconnaîtront comme un des leurs. Les femmes, de leur côté, sont toutes fières de la confiance que vous accordez à leur sexe, et pas une qui ne se glorifie en son par-dedans d’être une faiseuse de miracles, pour peu que cela lui convint. Tels sont les bruits qui se font autour de votre sagesse, et vous pouvez en être glorieux, puisqu’ils sont un témoignage de l’intérêt qui se rattache aux opinions non moins qu’aux écrits de l’aimable M. de Fontenelle. Agréez cependant, Monsieur le secrétaire perpétuel, mon sincère hommage et ma vive admiration. Permettez en même temps que je cache un nom que Mlle Tétard vous dira bien volontiers, pour peu qu’elle soit en train de deviner. »

— Ah ! que c’est joli, que c’est charmant... c’est divin, s’écria Son Altesse, et pour le coup notre homme est blessé dans ses œuvres vives ; nous le mettons a