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Reine, et qu’en vain Sa Majesté, tournant vers cet homme des yeux pleins de larmes, le pria, au nom de l’honnêteté, de détourner la tête. Le gendarme répondit que c’était sa consigne. Et quand elle eut changé de robe, par un dernier sentiment de pudeur, la pauvre femme plia avec soin le vêtement qu’elle quittait, et, après l’avoir bien roulé, elle l’enferma dans une des manches comme dans un fourreau, puis elle le cacha dans le matelas de son lit. Et le bourreau l’attendait !

Et, comme si la nation avait eu peur de voir quelque miracle vengeur sortir de ce cachot de la Conciergerie, à peine la Reine fut-elle sortie de cet antre pour aller à la mort, que les geôliers s’emparèrent de tout ce qui avait appartenu à la Reine ; toute cette triste dépouille fut enveloppée pêle-mêle dans les draps du lit et emportée on ne sait où.

Vous savez aussi comment l’exécuteur des hautes œuvres lia brutalement et trop fort les mains de la Reine, et qu’il lui coupa sa coiffe, cette même coiffe qu’elle avait eu tant de peine à réparer, et qu’il lui coupa les cheveux, et que, ses cheveux coupés, le bourreau les mit dans sa poche pour les brûler !

Et cet enfant rose et blanc qui tendit ses deux petites mains à l’auguste victime, si bien que la Reine pensa que c’était son fils, le martyr enfant qu’elle ne devait revoir que dans le ciel !