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aux commissaires de la république ce cadeau que lui avait fait Marie-Thérèse d’Autriche.

On lui enleva aussi deux jolies bagues ornées de diamants. — C’était tout ce qui lui restait de sa fortune passée. Elle aimait à se parer de ces deux petites pierreries ; elle s’amusait à les changer d’une main à l’autre. Ces deux petits diamants brillaient à ses doigts effilés comme brillait son œil bleu dans la pâleur de son visage. — Passe encore de lui voler ses diamants, mais lui arracher violemment l’anneau de son mariage, cette alliance que lui avait donnée le roi de France, cette dernière et touchante relique du roi martyr ! Les barbares ! les insensés ! Mais ne l’avait-elle pas bien assez chèrement payé cet anneau d’or, cette pauvre femme que vous en dépouillez ? Cet anneau d’or, elle l’a payé de sa beauté, de sa jeunesse ; elle l’a payé de sa tête ! Cet anneau d’or l’a faite reine de France, et de quelle France ? reine d’un volcan ! cet anneau d’or l’a fait asseoir sur un trône, trône croulant. Cet anneau d’or lui a ouvert les portes d’un palais, palais brisé ; cet anneau d’or l’a fait coucher dans un lit royal, lit royal que le peuple a fouillé avec ses baïonnettes sanglantes ; cet anneau d’or l’a unie à un roi, roi égorgé ; cet anneau d’or l’a faite la mère d’un roi, roi qu’on livre à un savetier, et que ce savetier tue à coups de pied ; cet anneau