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cevant ces pauvres débris de sa grandeur passée. « Ah ! dit-elle, Je reconnais les bons soins de ma sœur !… » Et en effet, c’était Madame Elisabeth elle-même qui envoyait ce linge à sa sœur.

Alors, voyant toute cette abondance inespérée, la Reine se hasarda à demander un second bonnet de deuil. Mais, comme elle ne pouvait pas le payer, elle pensa qu’il y avait assez de linon dans son bonnet pour en faire deux. Dites-moi, savez-vous un plus grand deuil que celui-là, et porté à plus bas prix ?

L’ordre était qu’on n’accordât à la prisonnière ni livres ni papier ; bien plus, ni fil ni ciseaux, afin, sans doute, que rien ne la vînt distraire de ses ennuis. — Elle, cependant, elle arrachait les gros fils d’une tapisserie, et avec ces fils elle faisait du lacet ; son genou lui servait de coussin, quelques épingles faisaient le reste. Quelquefois, le dimanche, son geôlier lui apportait quelques fleurs dans un vase de terre, et alors la captive se prenait à sourire doucement : elle aimait tant les fleurs ! O ses belles fleurs de Trianon, chastes compagnes de ses loisirs ! ô les belles roses qu’elle cultivait de ses mains ! ô les œillets qui portaient son nom ! ô les douces marguerites qui s’épanouissaient au souffle caressant de leur Reine, à la douce et murmurante rosée de ces mille jets d’eau qui ne se tai-