Page:Janin - Œuvres diverses, série 1, tome 1, 1876.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

gardé par des espions, elle devina le cachot qui lui était destiné, et elle entra.

On lui apporta le livre d’écrou, elle le signa d’une main ferme ; puis elle tira de sa poche un mouchoir blanc, et à plusieurs reprises elle essuya son beau front, chargé de sueur pour être venue dans cette voiture fermée, entre deux gendarmes. Après quoi son regard se porta sur ces murs humides. Elle vit d’un coup d’œil toute cette nouvelle misère : ces dalles froides, ces portes de fer, cette voûte, toute la nudité de ce tombeau. Elle eut peur ; mais cette âme royale fut bientôt remise. Alors elle tira de son sein une petite montre qu’on lui avait laissée : elle vit qu’il était quatre heures du matin. Elle suspendit sa montre à un clou qu’elle découvrit dans la muraille, dont ce clou était l’unique ornement ; et, comme elle avait fait sa prière la veille en se couchant dans son autre prison, elle se déshabilla pour se coucher dans ce lit de sangle, sur ces deux matelas.

Il y avait près de la Reine la femme du concierge et la servante de cette femme. Cette servante était une honnête fille bretonne : elle eut pitié de la Reine et elle voulut l’aider à se déshabiller. La Reine étonnée regarda cette jeune fille, et, voyant près d’elle une figure compatissante, elle ne pouvait en croire ses yeux. « Ma fille, dit-elle à la