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pendant ces somnambulismes, et même, ce qui est remarquable, dans quelques-unes de ces crises ils parlent énormément. En effet, et c’est une observation clinique très instructive, les deux phénomènes hystériques que nous venons de décrire, l’agitation verbale et le mutisme, sont loin d’être opposés l’un à l’autre; ils sont au contraire étroitement associés. Dans un grand nombre d’observations j’ai pu montrer que ces sujets qui ont des crises d’agitation verbale, qui bavardent pendant des heures entières, sont souvent muets au réveil de leurs crises. On ne peut expliquer ce mutisme par la fatigue, car après une interruption momentanée, ils retombent en crise et recommencent leurs bavardages. Les deux troubles évoluent parallèlement l’un dans la veille, l’autre dans l’état anormal.

Enfin, on peut chez quelques malades reproduire des expériences intéressantes; on peut faire naître des états anormaux qui ne laissent pas de souvenirs conscients et dans lesquels on retrouvera la parole intacte; on peut distraire le sujet, diriger son attention sur autre chose et à ce moment exciter sa parole, sans qu’il la surveille, sans qu’il la sente. Cet individu est muet s’il cherche à parler consciemment, en sachant ce qu’il dit; il n’est pas muet, quand il parle par distraction sans savoir qu’il le fait.

Ces observations soulèvent bien des problèmes, mais comme ce sont toujours les mêmes questions à propos de tous les symptômes hystériques, il faudra réunir leur discussion. Pour le moment nous nous bornons à les résumer en disant que la fonction du langage se comporte exactement de la même manière que les idées fixes à forme somnambulique ou médianimique. Le système d’image, qui composait l’idée fixe se développait avec exagération en dehors de la conscience, mais n’existait plus dans la conscience personnelle du sujet qui présentait une lacune, une