Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

il a fini : peu lui importe ce qu’il a dit, il a simplement épuisé en paroles une agitation qui ne parvenait pas à se dépenser autrement.


4. - Les phobies du langage.


Existe-t-il chez le psychasténique un phénomène qui puisse être comparé au mutisme des hystériques? Pas précisément, car ce malade ne perd jamais complètement le pouvoir de parler. Il sent toujours qu’il pourrait parler, s’il le voulait, et, d’ailleurs, il arrive à parler dans tous les cas. Mais il n’en est pas moins vrai qu’il ne parle pas quand il le faudrait, qu’il est quelquefois dans l’impossibilité de se servir de sa parole, ce qui, pratiquement, revient au même résultat que s’il était muet. C’est ce qui a lieu quand il est atteint de certains troubles que nous pouvons appeler les phobies de la parole. Ce problème est très important, et la comparaison des phobies avec les phénomènes hystériques correspondants est extrêmement instructive. Aussi retrouverons-nous cette étude dans un chapitre suivant, à propos des troubles plus généraux du mouvement et de l’action. Ce n’est ici qu’une introduction à l’étude des phobies à l’occasion d’un cas tout particulier.

Un homme de trente-huit ans, Bq.., est soigné depuis cinq ans pour de prétendues lésions du larynx; il a été dans plusieurs villes d’eaux; il a subi toutes sortes de traitements. C’est que, depuis plusieurs années, la parole est devenue pour lui de plus en plus difficile : quand il essaye de parler, il ressent une faiblesse générale, ses jambes flageolent, sa respiration s’arrête et son corps se couvre de sueurs. Aussi n’essaye-t-il jamais de parler, car il sent qu’il tomberait par terre s’il commençait à parler, et il préfère éviter ce danger qu’il juge très grave. Il rattache tous ces troubles à