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nous avions vu des agitations de la même fonction.


3. - Les agitations verbales psychasténiques.


Les agitations de la parole sont aussi fréquentes dans le second groupe des névropathes que dans le premier; mais elles ne se présentent pas tout à fait de la même manière. Nous avons déjà observé le bavardage qui accompagne les obsessions : le sujet raconte aux autres ou se raconte à lui-même les crimes et les sacrilèges auxquels il se croit poussé. Mais ce langage n’est pas aussi inconscient que celui de l’hystérique; le sujet s’entend lui-même pendant qu’il parle et il garde le souvenir de ce qu’il vient de dire.

Il en résulte, je crois, un certain nombre de conséquence : d’abord le sujet a conscience qu’il va parler, qu’il a besoin de parler, et il y a un sentiment de désir, d’impulser qui le tourmente, tandis que l’hystérique s’abandonne à l’agitation verbale sans avoir eu à lui résister. Ce nouveau malade éprouve, à chaque instant, des besoins de proférer des paroles déterminées. Par exemple, une femme F…, tourmentée par ses besoins de précision et de vérification que fait naître le doute et que nous étudierons mieux, à propos des perceptions, en est arrivée au besoin singulier de répéter le nom de tous les objets devant lesquels elle passe; elle a besoin de dire tout haut : « C’est un pavé, c’est un arbre, c’est un tas d’ordures ». D’autres ont des besoins irrésistibles de compter les objets qu’ils voient ou de répéter certains mots un nombre de fois déterminé.

Un malade prétend arrêter ses troubles et ses angoisses en murmurant la phrase suivante : « Assez de phénomènes »; il abrège le mot assez par la syllabe ,