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porté sur le côté droit du corps. Un jeune homme de dix-huit ans fait une chute de cheval sur le genou droit, il a, à la suite, une hémiplégie vraiment hystérique du côté droit et du mutisme. Une jeune femme employée dans un débit de vin se blesse la main droite avec une bouteille cassée, elle a d’abord une paralysie du bras droit et cette paralysie semble s’étendre à la gorge, car elle perd la parole. On comprend que ces derniers cas ont de l’importance à propos de l’association des paralysies du côté droit et des aphasies. Enfin, je tiens à rappeler un autre cas curieux, celui de cette femme, grand médium spirite, qui, après avoir abusé de l’écriture automatique, présente du mutisme hystérique; ce fait, où l’on voit l’association du mutisme avec l’écriture subconsciente, est encore intéressant pour l’interprétation.

Quoi qu’il en soit, quand ce mutisme est constitué, il se présente à peu près toujours de la même manière dont Charcot a donné une peinture très vivante et célèbre. Le malade, sauf dans des cas exceptionnels, semble bien portant et n’est pas paralysé. Il n’a pas cet air malade et affaibli des hémiplégiques organiques après une hémorragie cérébrale. Il n’a pas non plus d’affaiblissement intellectuel bien visible, il n’a pas leur air hébété, il semble, au contraire, intelligent et vif. Il s’avance au-devant de vous avec une figure expressive, il comprend tout ce qu’on lui dit, mais c’est quand il s’agit de répondre qu’il prend une attitude singulière. Le fait caractéristique, disait Charcot, c’est qu’il n’essaye pas de répondre, il ne fait pas ces efforts que fait un individu aphasique ou que fait tout simplement un étranger qui cherche à s’exprimer dans une langue qu’il connaît mal. Il n’a pas l’air de croire que l’on puisse répondre par la parole, il n’ouvre pas la bouche, ne fait entendre aucun son, il répond par écrit. En un mot, il n’y a pas là une parole imparfaite,