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lorsque nous considérons les doutes du psychasthénique. Ici encore les idées et les souvenirs sur lesquels portent ces doutent sont loin d’avoir disparu. En réalité, le souvenir existe très bien, et quand nous vérifions l’état de la mémoire proprement dite, nous la trouvons très suffisante. Ici encore, la conviction qui semblait disparue peut réapparaître; il y a des moments où le psychasténique retrouve la certitude de ses souvenirs, comme il y a des moments où l’hystérique retrouve la conscience des siens. Le malade est le premier à nous dire de temps en temps : « Je sais parfaitement bien que je n’ai pas commis de crime et je constate que je me souviens très nettement de la figure de mon père ». Dans les périodes où le doute revient, l’idée subit simplement une diminution, elle perd quelques-uns des attributs qui caractérisent les idées parfaitement développées. Le souvenir de ces idées, qui existe en fait dans l’esprit, n’entraîne pas avec lui les actions, les paroles, les sentiments; il n’est pas actif, il semble rester dans un état vague, en dehors de la réalité présente; il lui manque en un mot cette perfection particulière qui fait que les pensées sont réelles et présentes. C’est là un problème très difficile, le problème de ce que j’ai appelé la fonction du réel. Nous le retrouverons à propos de chacun des autres troubles de nos malades; il nous suffit de constater ici que leur doute est tout simplement la disparition d’un certain degré de perfectionnement des idées et que, sur ce point, il se rapproche beaucoup de l’amnésie hystérique, qui n’était pas autre chose.