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puisse lui-même guérir son amnésie. Un malade fort curieux. P.., avait oublié toute une semaine pendant laquelle, en proie à une idée fixe, il s’était sauvé loin de chez lui. Il ne savait aucunement ce qui s’était passé et il resta plus d’un mois sans pouvoir se souvenir de rien. Un jour, il trouva dans la poche d’un vêtement un petit papier contenant quelques mots de recommandation pour une maison charitable, papier qu’il avait reçu pendant sa crise délirante. Il en fut très intrigué et il passa toute une nuit à rechercher ce que ce papier pouvait bien signifier, comment il l’avait eu entre les mains. Le lendemain il était épuisé de fatigue, mais il vint nous raconter tout ce qui s’était passé pendant les dix jours oubliés. Ces observations et ces expériences pourraient être indéfiniment multipliées; c’est un des points qui a été le plus étudié par la psychologie expérimentale. Ce que nous venons de dire suffit pour montrer que ces souvenirs ne sont pas du tout supprimés, qu’ils existent parfaitement dans la conscience et dans le cerveau du sujet.

D’autres expérience du même genre pourraient nous prouver que ces souvenirs existent même au moment où le sujet déclare qu’il ne les connaît pas. On peut constater des actes accomplis par distraction, des mouvements involontaires qui prouvent parfaitement leur existence. Mme D… semblait oublier tous les événements au fur et à mesure de leur production, par conséquent elle ne connaissait personne dans l’hôpital et semblait toujours être mise en présence d’un étranger quand on la présentait à une personne qu’elle avait vue vingt fois. Cependant, si on la laissait seule au milieu de la cour, elle allait toujours s’asseoir sur le même banc, auprès des deux mêmes malades, ses voisines. Quand un sujet présente de l’écriture automatique, sa main écrit les événements qu’on lui demande, tandis que sa bouche déclare les ignorer absolument.