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former? Pour soutenir cela il faudrait pouvoir démontrer que ce souvenir ne réapparaît jamais à aucun moment de la vie. Dans certains cas d’amnésie il en est ainsi; des oublis déterminés par l’hémorragie cérébrale, par les maladies infectieuses, sont définitifs. Ici il en est tout autrement et il y a une foule de circonstances dans lesquelles on peut constater très aisément la présence réelle de ces souvenirs en apparence disparus. Nous l’avons déjà constaté dans notre première étude sur les idées fixes à forme somnambulique : le sujet, disions-nous, au réveil de sa crise, a tout à fait oublié qu’il vient de se promener sur les toits en arrachant son enfant aux mains de sa belle-mère, ou qu’il a essayé de se tuer en se mettant sous un train. Mais dès que la crise recommence, ce qui ne va pas tarder, il se souvient si bien de ces histoires qu’il les recommence en reproduisant exactement les mêmes gestes et les mêmes mots. Un grand nombre de faits qui paraissent oubliés réapparaissaient ainsi dans les crises délirantes. Un jeune homme qui avait des impulsions au vol cherchait désespérément, après sa crise, où il avait bien pu cacher les objets volés. Il ne pouvait pas les retrouver, mais à la prochaine crise il allait tout droit à la cachette. Cette réapparition du souvenir est quelquefois bien curieuse par sa précision. Quelques malades se réveillent subitement au milieu d’une phrase et dans la crise suivante, huit jours après, ils reprennent au mot interrompu.

On pourrait faire la même remarque à propos des idées fixes de forme médianimique et des écritures automatiques, dans lesquelles se manifeste un grand nombre de souvenir en apparence perdus. Dans d’autres cas ces souvenirs réapparaissent dans des états artificiellement provoqués, comme les états hypnotiques. C’est même au moyen de ces états que l’on peut atteindre les idées fixes de forme somnambulique et les modifier. Quelquefois le rêve du sommeil