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caractère correspond assez bien à l’amnésie que nous venons d’observer chez l’hystérique. Pour justifier cette comparaison, il nous reste à voir les caractères des deux phénomènes et à montrer qu’ils sont très voisins l’un de l’autre.


3. - Les caractères psychologiques des amnésies et des doutes.


Au premier abord, on peut être surpris du rapprochement de ces deux phénomènes, car des oublis nets semblent quelque chose de bien différent d’un doute. Dans ce dernier fait les opérations psychologiques sont simplement incomplètes, inachevées, tandis que dans l’amnésie le phénomène psychologique semble tout à fait supprimé. Cette remarque serait peut-être juste pour les amnésies définitives de certains déments, elle n’est pas juste, à mon avis, pour les amnésies hystériques que nous considérons ici, et il me semble facile de montrer que l’amnésie, dans ce cas, n’est pas plus que le doute une destruction du fait psychologique, mais qu’elle est simplement, comme lui, une imperfection de ce phénomène.

Remarquons d’abord que, dans tous ces cas où nous avons constaté des amnésies, les condition ordinaires pour l’acquisition et la fixation des souvenirs se trouvaient réalisés d’une manière normale. Le sujet a vu ces choses qu’il prétend avoir oubliées; il les a bien perçues et, au moment où elles sont survenues, il paraissait les comprendre comme à l’ordinaire. Il n’était ni imbécile ni dément; il présentait l’intelligence ordinaire qui, autrefois, lui suffisait parfaitement pour conserver les souvenirs. Et cependant, dans le cas présent, il semble n’avoir conservé du fait aucune impression. Est-ce bien vrai? Est-ce que l’amnésie hystérique est une véritable suppression du souvenir qui aurait dû normalement se