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place à part à cette forme particulièrement remarquable qui a été décrite sous le nom d’amnésie rétrograde. L’oubli, dans ces cas, est déterminé par un choc ou par une émotion violente, et il porte en arrière sur une période de temps plus ou moins longue précédant immédiatement cet événement. Ce sont des cas de ce genre qui ont été l’occasion des premières études de M. Ribot sur les Maladies de la Mémoire et qui ont joué un grand rôle dans le développement de la psychologie pathologique.

À propos de ces cas je voudrais rappeler une méthode graphique qui m’a semblé fort utile pour représenter de pareilles amnésies. On se sert souvent en médecine de petites figures schématiques pour représenter les différentes lésions d’un organe ou les troubles de la sensibilité, mais il n’existait pas de schéma de ce genre pour les troubles de la mémoire, car il y avait là une grande difficulté de représentation. Dans un souvenir ou dans un oubli il y a deux choses différentes qu’il faut exposer simultanément. Nous devons d’abord considérer le moment où ce souvenir se présente à notre esprit; nous devons aussi considérer la période passée sur laquelle porte le souvenir. Pour indiquer ces deux notions, je me suis servi souvent du schéma suivant[1]: Dans la figure 2, la ligne horizontale OX de gauche à droite représente les différentes périodes du cours de la vie dans leur ordre d’apparition, c’est sur cette ligne que nous inscrirons les souvenirs au moment où ils se manifestent. La ligne verticale OY, de bas en haut, représente les mêmes périodes, mais en tant que souvenirs, en tant que représentations. À chaque point de la ligne horizontale nous élevons une perpendiculaire représentant le nombre de souvenirs qu’on possède à ce moment. Sa hauteur est déterminée par la hauteur à

  1. Névroses et idées fixes, 1898, I, p. 124.