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exemple, le sujet qui a dans ses crise l’hallucination d’un incendie recommence la crise quand il voit devant lui une flamme ou quand il entend la trompe des pompiers, parce ce que la vue de la flamme et le son de la trompe sont réellement depuis longtemps les éléments consécutifs de l’idée d’incendie, des points de notre polygone tel qu’il était constitué antérieurement à la maladie. Chez l’obsédé, les idées durent non pas uniquement par elles-mêmes, mais grâce à la bonne volonté du sujet lui-même. Il souffre de son obsession, mais il y tient; il croit que s’il ne pense plus au crime, il deviendra malhonnête; que, s’il ne pense plus à la mort, il fera des imprudences et se portera mal. Il y là une continuation active et non une duré automatique. Le fait est encore plus net si l’on considère l’évocation des idées par association. Un jeune homme vient nous dire qu’il est malade parce qu’il a mangé d’un pain qui vient d’un boulanger qui a été indiqué à sa mère par un individu dont la femme est morte le même jour, où il a lui-même rencontré une femme de chambre dont le souvenir l’obsède et lui donne des obsessions génitales. Je dis que cette cascade d’associations d’idées n’est pas naturelle comme celle de la flamme et de l’incendie, que l’idée du pain à elle toute seule ne contient pas dans ses éléments l’idée de la femme de chambre. Le polygone antérieurement constitué ne contenait pas de tels éléments, c’est le malade lui-même qui les y ajoute aujourd’hui pour les besoins de la cause et pour justifier l’apparition de sa propre obsession. Il y a là une collaboration de toute la personnalité que nous ne trouvions pas dans le cas précédent.

Les obsessions, comme on l’a vu s’accompagnent presque toujours d’impulsion. Cela est vrai, et on peut rapprocher ce fait de l’exécution si remarquable des idées fixes hystériques. Cependant l’analogie n’est que superficielle : l’hystérique n’a pas seulement des