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Seine, sentait réellement qu’elle tombait, mais n’avait pas conscience des mouvements qu’elle avait faits pour sauter, ni des idées qui avaient amené ces mouvements, puisqu’elle attribuait sa chute à un vertige et venait consulter pour ce vertige. Sans doute, l’interprétation de cette inconscience présente beaucoup de difficultés : on peut se demander, en particulier, si la seconde série de pensées, qui constitue le rêve est, elle aussi, accompagnée d’une certaine sorte de conscience, si les deux séries de phénomènes psychologiques sont bien simultanées. Peu importe ici, l’essentiel c’est que le système de pensées qui constitue la personne, la conscience personnelle, semble être plus ou moins séparé cet autre système de pensées qui constitue l’idée fixe.

On peut, en effet, résumer tous ces caractères de la manière suivante : une idée, la mémoire d’un événement, la pensée de la mort de sa mère, par exemple constituent des groupes de faits psychologiques étroitement associés les uns avec les autres; ils forment des espèces de systèmes comprenant toutes sortes d’images et toutes sortes de tendances à des mouvements. Ces systèmes, dans notre esprit, ont une grande tendance au développement, lorsqu’ils ne sont pas arrêtés, contenus par quelque autre pouvoir. On peut représenter ce système de faits psychologiques qui constitue une idée par un système de points réunis par des lignes formant une sorte de polygone. Le point V (figure 1) représente la vue de la figure et de la mère morte. Le point A est le son de sa voix. Le point M est le sentiment du mouvement fait pour soulever son corps et ainsi de suite. Chaque point est réuni avec les autres, de telle manière qu’on n’en peut pas exciter le premier sans faire apparaître le seconde et que tout le système a une tendance à se développer [1].


  1. Automatisme psychologique, 1889, p. 55, 199.