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car elle renferme évidemment les caractères exacts auxquels les précédentes définitions faisaient allusion. En rattachant les névroses au développement individuel et social, qui est si peu connu, on donne suffisamment satisfaction à ce sentiment d’étonnement qui poussait les premiers auteurs à considérer les névroses comme extraordinaires. En parlant des parties les plus élevées de chaque fonction, de celles qui sont encore en transformation, on sous-entend qu’il s’agit de phénomènes siégeant surtout dans le système nerveux, car c’est dans le système nerveux que s’élaborent et se perfectionnent les fonctions nouvelles des êtres vivants. Ensuite, on explique, à mon avis, assez bien pourquoi ces troubles du système nerveux sont mal localisés et sont difficilement perceptibles pour l’anatomiste. L’ana-tomie, en effet, étudie surtout et nécessairement les organes anciens, bien délimités, identiques chez tous les hommes, en un mot, les organes des fonctions parvenues à l’état stable; elle ne peut pas connaître les organes futurs, ceux qui n’existent encore qu’en germe, en formation, et qui, par conséquent, ne sont ni nettement perceptibles, ni bien délimités, ni identiques chez tous les hommes. L’anatomiste ne sait pas toujours donner la raison des arrêts de développement, surtout lorsqu’il n’étudie qu’on organe isolé; il ne peut pas toujours dire pourquoi tel individu est resté petit et pourquoi tel autre est devenu grand. Enfin ces troubles névropathiques sont souvent accompagnés de perturbations psychologiques, comme nous l’avons vu dans les dernières définitions. Cela est encore tout naturel, puisque par définition la conscience accompagne les phénomènes encore nouveaux, mal organisés, avant qu’ils ne deviennent des réflexes automatiques. En un mot, toutes les idées intéressantes, contenues dans les définitions précédentes des névroses, trouvent également leur expression dans la conception que je propose.