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Chaque homme évolue continuellement de deux manières : en premier lieu il doit accomplir à chaque instant de sa vie et plus fortement à certaines périodes un développement individuel qui, de la naissance à la mort, transforme incessamment son activité, en second lieu il participe sans cesse à l’évolution de la race qui se transforme plus rapidement qu’on ne le croit au milieu des incessantes modifications du milieu social. Aussi une certaine partie de toutes le fonctions humaines, la partie la plus élevée, est-elle toujours en voie de transformation : les phénomènes de la volonté, ou du moins une partie d’entre eux, la perception de la réalité changeante, la formation des croyances ne sont comparables qu’à des phénomènes de développement organique. Il faut les rapprocher non des mécanismes du cœur ou du poumon, mais des phénomènes par lesquels l’embryon évolue et se transforme en construisant des organes qui n’existaient pas encore. Dans les parties qui président à ces actes le cerveau ne fonctionne pas seulement comme le cœur qui se borne à mettre en œuvre un organe déjà construit, il se forme lui-même continuellement. Jusqu’au dernier jour de la vie le cerveau continue l’évolution embryonnaire et la conscience manifeste de cette évolution.

Les névroses sont des maladies qui portent sur cette évolution, parce qu’elle portent sur la partie de la fonction qui est encore en développement et sur elle seule : on devrait les rattacher au groupe des maladies de développement. Tous les accidents névropathiques nous ont apparu comme des troubles dans la partie la plus élevée d’une fonction, dans son adaptation actuelle à des circonstances nouvelles extérieures ou intérieures. En outre, on constate très facilement que les névroses apparaissent presque toujours aux âges où la transformation organique et morale est la plus accentué : elles débutent presque