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en 1889 et à dire simplement que ce sont des maladies dans l’évolution desquelles interviennent d’une manière prépondérante des troubles psychologiques. Une définition de ce genre présente d’abord quelques difficultés au point de vue du langage médical : on a beau répéter les déclaration de principes au début de toutes ces études, on a beau dire que l’on considère les phénomènes psychologiques comme des manifestations de l’activité cérébrale il y aura toujours des adversaires qui feront semblant de ne pas comprendre et qui accuseront ces interprétations cliniques de métaphysique spiritualiste. Il est évident que l’on pourrait ne pas s’arrêter à ces préjugés; mais il est cependant mauvais de sortir brutalement, sans nécessité absolue, du langage médical usuel quand il s’agit de maladies communes étudiées par tous les médecins.

Mais il y a, à mon avis, une autre difficulté de fond beaucoup plus considérable. Une définition de ce genre s’applique à peu près à tous les accidents névropathiques, quoiqu’elle présente des difficultés quand il s’agit des troubles circulatoires. Mais il n’est pas du tout évident qu’elle s’applique uniquement à des névroses et qu’elle ne soit pas infiniment trop large. Il y a énormément de maladies dans lesquelles les phénomènes psychologiques jouent un grand rôle et que personne ne songe à considérer comme des névroses. Un individu qui, à la suite d’une hémorragie cérébrale, a perdu la parole, présente bien de grands troubles psychologiques, un paralytique général, un dément précoce, ou tout simplement le vulgaire gâteux des asiles ont aussi des troubles psychologiques d’une importance colossale, vont-ils être des névropathes?

M. Dubois (de Berne) ne semble pas embarrassé : « Dans les névroses, dit-il, les troubles de la vie psychologique ne sont plus simplement secondaires