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pour formuler le plus nettement une définition des névroses est M. Dubois, de Berne, en 1904. Il propose d’appeler ces maladies psychonévroses et soutient qu’elles sont caractérisées par un fait capital, l’intervention de l’esprit, des représentations mentale dans tous leurs symptômes.

Qu’il y ait beaucoup de vérité dans cette nouvelle définition, qu’elle soit beaucoup plus juste et plus précise que les précédentes, j’aurais mauvaise grâce à le contester, car j’écrivais moi-même en 1889 dans mon livre sur l’automatisme psychologique (p. 120, 452) que les maladies nerveuses méritaient bien plutôt d’être appelées des maladies psychologiques. L’intervention de l’esprit dans tous les accidents n’est plus un caractère purement négatif, une simple ignorance, comme l’absence de lésion à l’autopsie, c’est un caractère positif, réel et assez spécial à la maladie que l’on considère. Il est certain que des phénomènes psychologiques (je ne dirai pas toujours, comme M. Dubois, des représentations) jouent un grand rôle dans la plupart des troubles névropathiques les plus nets : tout ce petit livre l’a mis sans cesse en évidence. Les symptômes dans lesquels ces troubles psychologiques sont ou plutôt paraissent absent sont précisément les symptômes névropathiques les plus douteux. Il est certain aussi que ce caractère sépare à peu près nettement les névroses d’un certain nombre d’autres maladies. On reconnaîtra volontiers que des fractures, des entorses, des abcès, des infections, ne sont guère influencés par des phénomènes psychologiques. Ceux-ci les accompagnent presque toujours plus ou moins, mais ils jouent un faible rôle dans leur évolution. Cette définition dont on pourrait d’ailleurs préciser la formule conserve donc à mon avis une grande valeur.

J’hésite cependant à m’arrêter aujourd’hui à une définition des névroses analogue à celle que je proposais