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commencé l’analyse de l’état mental de leurs malades et avaient expliqué quelques-uns de leurs troubles par des modifications dans l’exercice des fonctions psychologiques. Des neurologistes furent conduits à essayer la même étude sur les troubles des individus considérés comme névropathes. Hack-Tuke par exemple, dans son livre célèbre sur le corps et l’esprit en 1872, montre qu’un très grand nombre de symptômes appelés névropathiques, des trouble de la motilité, de la sensibilité, des fonctions viscérales, pouvaient être en rapport avec des phénomènes mentaux. D’autre part, des psychologues, à la recherche d’expériences sur les phénomène de l’esprit furent attirés par l’étude de ces mêmes malades et montrèrent que beaucoup de leurs désordres devenaient plus simples, présentaient plus d’unité quand on les considérait sous leur aspects mental plutôt que sous leur aspect physique. Enfin les études singulières des anciens magnétiseurs ont conduit tout doucement aux études sur l’hypnotisme et sur la suggestion, et celles-ci ont encore montré que des idées, des senti-ments, des émotions pouvaient déterminer un très grand nombre de troubles en apparence corporels. Ces différentes influences semblent avoir été convergentes et dans les périodes les plus récentes les études sur les névropathes sont devenues de plus en plus des études psychologiques.

Il était alors tout naturel que ce nouveau point de vue jouât un rôle dans la conception d’ensemble de la maladie. Beaucoup d’auteur les ont appelées des maladies par imagination, ou des maladies par émotion. M. Bernheim et ses disciples, en abusant du « suggestion », ont confirmé cette idée que les névroses sont caractérisées par des troubles mentaux et surtout par des troubles suggestifs : des définitions de ce genre se trouvent de tous côtés. Il me semble que l’auteur qui a poussé le plus loin cette notion et qui s’en est servi