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éléments, qui composent aujourd’hui cette maladie, se dissocieront alors pour être rattachés les uns à une maladie, les autres à une autre. Déclarer que l’unité de la classe des névroses ne repose que sur notre ignorance de la lésions, c’est admettre, en réalité, que cette unité n’existe pas et que ce groupement de symptômes dépend uniquement du hasard, d’une ignorance égale pour tous. Comme le disaient très bien Axenfeld et Huchard, « si vous récusez tous les états pathologiques qui dépendent d’une altération des solides ou des liquides, que restera-t-il pour constituer la classe des névroses? Il restera un amalgame de faits qui se ressemblent par un seul point, c’est que leur nature nous échappe, un amas d’états morbide essentiels, c’est-à-dire existant, parce qu’ils existent; il restera, en un mot, notre ignorance élevée à la hauteur d’un caractère nosologique ».


3. – Les névroses, maladies psychologiques.


Malgré cette insuffisance de la définition générale des névroses, beaucoup d’observateurs continuaient à sentir dans cet amoncellement de symptômes hétérogènes une certaines unité que les formules précédentes ne dégageaient pas. Sans doute on se trompait souvent en rattachant tel ou tel phénomène au groupe des névroses et peu à peu certains symptômes devaient être éliminés. Mais ces erreurs et ces corrections mêmes prouvaient bien que dans l’esprit des médecins un groupe de faits avait des caractères particuliers qui ne se confondaient pas avec ceux des autres maladies. Aussi, à côté des travaux de l’ana-tomie pathologique, d’autres études se développèrent depuis quelques années et tentèrent d’aborder le problème d’un autre côté.

Depuis le début du XIXe siècle, les aliénistes avaient