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avait peu à peu pris l’habitude de découvrir à l’autopsie une altération matérielle de tel ou tel organe et on comprenait plus ou moins bien comment cette altération visible avait déterminé les symptômes de la maladie et amené la mort. Or, dans un certain nombre de cas, on avait constaté pendant la vie du malade des désordres en apparence énormes, bien plus grands que ceux qui d’ordinaire trouvaient leur explication à l’autopsie par une lésion visible, et tout justement, dans ces cas, l’autopsie la plus minutieuse avait été négative et le symptôme était resté sans explication. C’était là un fait assez net qui semblait suffisant pour distinguer les névroses des autres maladies. Sans doute, ces deux notions étaient vaguement contenues dans l’ancienne définition de Cullen. Pour lui : « les névroses étaient toutes les affections contre nature du sentiment et du mouvement où la pyrexie ne constitue pas une partie de la maladie et toutes celles qui ne dépendent pas d’une affection topique des organes, mais d’une affection plus générale du système d’où dépendent spécialement le mouvement et la pensée ». Mais ces caractères essentiels n’avaient pas été exposés ni compris avec autant de précision.

Quelques années après l’ouvrage de Sandras, en 1863, paraît, dans le tome IV des Éléments de pathologie médicale de Requin, le remarquable travail d’Axenfeld sur les névroses. Ce travail est repris et complété par M. Huchard et forme le grand traité des névroses de 1883. à de certains points de vue, ce travail est un grand progrès, le terrain est largement déblayé, beaucoup de symptômes, considérés autrefois comme névropathiques, sont rattachés à des maladies mieux connues et le nombre des névroses est notablement réduit. Ainsi, l’ataxie locomotrice, que Duchenne lui-même et d’autres auteurs, comme Trousseau, considéraient encore comme une névrose, est interprétée, grâce aux travaux de Romberg, de