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de perceptions désintéressées. Malgré l’opinion populaire, il faut ranger au-dessous, à un rang bien inférieur, les opérations mentales qui portent sur des idées ou sur des images, le raisonnement, l’imagination, la représentation inutile du passé, la rêverie. Bien au-dessous encore se placent les agitations motrices mal adaptées, inutiles, les réactions viscérales ou vaso-motrices que l’on considère comme un élément essentiel de l’émotion. Celles-ci doivent être des phénomènes bien simples et bien faciles, puisque nous les voyons persister à un si haut degré chez les individus les plus affaiblis.

Le degré de la tension psychologique ou l’évaluation du niveau mentale se manifeste par le degré qu’occupent dans la hiérarchie les phénomènes les plus élevés auxquels le sujet puisse parvenir. La fonction du réel avec l’action et la croyance exigeant le plus haut degré de tension est un phénomène de haute tension; la rêverie, l’agitation motrice ou viscérale peuvent être considérées comme des phénomènes de basse tension et correspondent à un niveau mental bien inférieur. Cette tension psychologique dépend évidemment de certains phénomènes physiologiques, de certaines modifications dans la circulation et la nutrition du cerveau. Quelques-unes de mes expériences sur la vision me disposent à croire qu’il s’agit d’une diminution dans la rapidité de certains phénomènes élémentaires, peut-être de certaines vibrations du système nerveux. Quelques-unes des remarquables expériences de M. Leduc sur l’électrisation du cerveau me semblent pouvoir être interprétées dans le même sens. En réalité, le mécanisme physiologique de ces phénomènes est encore inconnu et nous ne pouvons déterminer avec quelque précision que leur aspect psychologique.

Si on a bien compris cette notion de la tension psychologique on doit s’apercevoir immédiatement